Lorsqu’un salarié reprend le travail après un arrêt maladie prolongé, qu’il s’agisse d’une pathologie physique ou mentale, la réintégration peut s’avérer complexe. Au-delà des enjeux physiques ou organisationnels, un obstacle moins visible mais tout aussi impactant se manifeste souvent : le « brouillard cognitif », aussi appelé « oncobrain » lorsqu’il est lié à des traitements contre le cancer. Ces troubles cognitifs, qui englobent des difficultés de concentration, des problèmes de mémoire ou une fatigue mentale accrue, suscitent une énorme inquiétude chez les victimes.
Ils l’expriment ainsi « je lis un article, je tourne la page et je ne sais plus le sujet de ma lecture… », « j’oublie tout », « j’ai pris ma voiture pour aller à la pharmacie, mais arrivé là-bas, je ne sais plus pour quoi… et j’ai oublié l’ordonnance ».
Qu’est-ce que le brouillard cognitif ?
Le brouillard cognitif se caractérise par des symptômes tels que :
- Une capacité de concentration réduite avec une sensation de « blanc » dans la tête.
- Une sensation d’épuisement mental rapide, la personne cherche ce qu’elle voulait dire.
- Des oublis fréquents ou une perte de fluidité dans le raisonnement, la personne cherche les mots simples.
- Une difficulté à organiser des tâches ou à traiter des informations complexes.
Ce phénomène est fréquemment rapporté après des traitements lourds comme la chimiothérapie, mais il est également observé après des arrêts prolongés dus à des maladies chroniques, des dépressions ou des burnouts.
D’où vient le brouillard cognitif ?
À l’origine de ce brouillard, plusieurs facteurs peuvent se combiner, comme l’impact des traitements. Certains médicaments, notamment ceux utilisés en oncologie, ont des effets secondaires neurotoxiques qui altèrent les fonctions cognitives.
Le stress et l’anxiété sont les deux ennemis de la concentration : l’angoisse liée à ces pertes de capacités majorée par l’appréhension de la reprise du travail peuvent exacerber ces troubles. Ainsi un cercle vicieux d’anxiété s’auto-alimente.
Un autre facteur bien connu est la fatigue persistante : la fatigue physique et mentale résiduelle peut amplifier les symptômes.
Une crainte justifiée pour le retour au travail ?
Ces troubles provoquent chez de nombreux salariés une appréhension à l’idée de reprendre leurs activités professionnelles. Les tâches complexes, les environnements dynamiques, bruyants ou les interactions sociales intenses peuvent paraître compliqués. Cette situation entraîne souvent :
- Une baisse de confiance en soi ; « je ne vais pas y arriver ».
- Une peur de ne pas être à la hauteur des attentes ; « je ne suis plus capable ».
- Une tendance à l’isolement ou à l’évitement ; « je voudrais faire que du télétravail ».
Ces sentiments peuvent freiner la réintégration professionnelle et accroître le risque de rechute ou entraîner une dégradation de la santé mentale.
Que proposer aux salariés touchés par le brouillard cognitif ?
Pour que la reprise du travail soit une réussite, il est crucial que les employeurs et les managers soient sensibilisés à cette problématique et que des solutions soient mises en place en amont de la reprise.
Voici quelques pistes préconisées par les coachs Ça Ira Encore Mieux Demain :
- Proposer des horaires adaptés (en compensant avec les congés gagnés durant l’arrêt) ou accepter le temps partiel thérapeutique progressif.
- Réduire les bruits dans l’environnement de travail (les open-spaces ne sont pas favorisants).
- Sensibiliser les équipes RH et les managers sur le brouillard cognitif et ses impacts.
- Passer le message auprès des collègues pour favoriser la compréhension et la bienveillance.
- Mettre en place des séances de coaching individuelles.
- Valoriser les progrès, même modestes, pour restaurer la confiance du salarié.
Des solutions pour les salariés eux-mêmes
Il est également essentiel que les personnes concernées s’outillent pour mieux gérer ces troubles cognitifs. Quelques recommandations utiles :
La méthode Ça Ira Encore Mieux Demain, comprend des exercices pour gérer l’anxiété et le stress et des techniques à mettre en place pour progresser en temps disponible pour la concentration. L’apprentissage de ces outils est guidé par le coach durant les séances individuelles et ils sont entretenus par des pratiques inter-sessions. Pas à pas, la vulnérabilité de concentration est mieux définie et mieux compensée par des éléments de ressources. Cette méthode permet de réussir la reprise de l’activité professionnelle avec une concentration en amélioration.
Pour en savoir plus découvrez notre article sur les 6 bonnes pratiques managériales pour réussir le retour au travail des collaborateurs.
Des centres spécialisés proposent un programme de rééducation standard pour améliorer le brouillard cérébral lorsque les symptômes cognitifs sont lourds tels que des problèmes d’attention, de conscience spatiale, d’orientation et de mémoire.
Voici d’autres conseils sur une hygiène de vie saine comme dormir suffisamment, accepter de faire une sieste après une demi-journée de travail, pratiquer une activité physique légère ou encore une balade en extérieur.
En retenant ceci, ça va déjà mieux !
Le brouillard cognitif est une réalité invisible mais bien présente pour de nombreux salariés en reprise d’activité professionnelle après un arrêt de plus de quatre-vingt-dix jours.
Après une longue maladie, il est essentiel de comprendre les mécanismes du brouillard cognitif et d’agir pour offrir un accompagnement adapté. En créant un environnement de confiance et en valorisant les nouvelles forces développées durant l’épreuve pour gagner une meilleure santé, il est possible d’aider les salariés à retrouver leur place, leur estime de soi et leur épanouissement professionnel.
